Le rapport d’exรฉcution du budget de l’รtat 2023, รฉlaborรฉ par la Chambre des comptes de la Cour suprรชme, rรฉvรจle qu’au terme de cet exercice, les Restes ร payer s’รฉlรจvent ร 408,2 milliards FCFA. C’est 144,5 milliards FCFA de moins que pour l’exercice budgรฉtaire 2022, oรน les Restes ร payer รฉtaient de 552,7 milliards FCFA. Les Restes ร payer (RAP) sont des passifs financiers constituรฉs de toutes les liquidations non encore rรฉglรฉes par le comptable public. En clair, il s’agit d’arriรฉrรฉs de paiement de l’รtat auprรจs de ses fournisseurs, des crรฉdits engagรฉs, mais non encore payรฉs par la comptabilitรฉ publique.
Les montants des RAP รฉtablis par la Chambre des comptes diffรจrent des donnรฉes du ministรจre des Finances. Dโaprรจs la Direction de la comptabilitรฉ publique au ministรจre des Finances, les Restes ร payer au terme de lโexercice 2023 sโรฉlรจvent ร 387 milliards FCFA, contre 367 milliards FCFA en 2022. En 2024, lโรtat a accumulรฉ des Restes ร payer de 330 milliards FCFA, selon les chiffres du Minfi. Dans un cas comme dans lโautre, le volume des RAP comptabilisรฉ par la Chambre des comptes ou celui prรฉsentรฉ par le Minfi demeure important avec un accroissement exponentiel ces derniรจres annรฉes.
En 2018, au moment de l’adoption de la rรฉforme du Compte unique du Trรฉsor, les Restes ร payer de l’รtat (RAP) ne s’รฉlevaient qu’ร 33,5 milliards de FCFA. Cette rรฉforme stipule que ยซ les ressources publiques, quelle qu’en soit la nature ou l’attributaire, sont toutes encaissรฉes et gรฉrรฉes par des comptables publics. Elles sont versรฉes et conservรฉes dans un compte unique ouvert au nom du Trรฉsor ร la banque centrale ยป.
L’objectif principal de cette rรฉforme รฉtait de centraliser les ressources financiรจres de l’รtat dans une caisse unique, afin de mieux aligner les dรฉcaissements sur les prioritรฉs nationales et faciliter ainsi le paiement des engagements de l’รtat, notamment auprรจs de ses prestataires de services.
Mais sept ans aprรจs la rรฉforme, les Restes ร payer ont dรฉcuplรฉ, atteignant en 2024 une valeur dix fois supรฉrieure ร celle de 2018. Par ailleurs, la rรฉforme n’a pas permis de rรฉduire les dรฉlais de paiement des arriรฉrรฉs, bien au contraire. Selon la Direction de la comptabilitรฉ publique, ces dรฉlais sont passรฉs de 110 jours en moyenne en 2018 ร 160 jours en 2024. Ces chiffres excรจdent de loin les normes nationales, fixรฉes ร 60 jours, et celles de la Cemac, limitรฉes ร 90 jours.
Pour la Chambre des comptes, lโaccumulation des Restes ร payer entraรฎne de nombreuses consรฉquences sur lโรฉconomie. Selon les magistrats de cette juridiction, cette situation provoque un ralentissement de la croissance รฉconomique et un coรปt accru des prestations de services. Elle engendre รฉgalement une rรฉduction ou une interruption des services publics, ainsi quโune intensification de la corruption. Par ailleurs, l’accumulation des RAP entraรฎne une hausse des taux d’intรฉrรชt. Elle incite aussi les fournisseurs ร ne pas rรฉgler leurs impรดts, taxes ou cotisations sociales, tout en provoquant un dรฉsรฉquilibre budgรฉtaire en fin d’exercice.
Source: Investir au Cameroun