La crise anglophone :

Maintenant une question d’argent et de sang !

Related posts

Depuis six ans, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le conflit sanglant qui s’était déclenché par une grève sauvage des enseignants et des avocats, s’est rapidement intensifié en faisant voir diverses facettes. Malgré les six ans de larmes et de sang versés, les experts en communication du gouvernement préfèrent toujours l’appeler « la crise », alors que les faucons, séparatistes, quant à eux, insistent sur le fait qu’il s’agissait d’une « révolution » sur « la route de Buea ».

Une « Révolution, comme Saturne, dévorera successivement tous ses enfants, et produira finalement le despotisme, avec les calamités qui l’accompagnent » pour reprendre l’expression de l’homme politique français du XVIIe siècle, Pierre Vergniaud. Les habitants des deux régions en guerre conviendront avec Vergiaud qu’elles sont dévorées, mutilées, phagocytées, privées d’accès et de leurs droits aux activités économiques et éducatives. Les lundis, les villes mortes et les enlèvements contre rançon ne sont qu’une petite illustration de la terreur et de la barbarie qui règnent dans ces deux régions.

« Le conflit séparatiste est maintenant devenu une question d’argent », a déclaré le père Humphrey Tatah Mbuy, directeur des communications sociales de la Conférence épiscopale du Cameroun, à la CRTV. « Quand il s’agit d’argent, il est très difficile de séparer une personne de sa source de revenus, même si cette source est du sang humain », a déclaré le père Mbuy.

L’atrocité des enlèvements en cours implique cinq prêtres, une religieuse et trois laïcs arrêtés à l’église catholique de la ville de Nchang dans le département de Manyu, région du Sud-Ouest.

Parmi les autres enlèvements très médiatisés, citons celui du président de la Chambre des chefs du Nord-Ouest depuis décembre 2021 et de six agents préfectoraux dans le Ndian, à ce jour présumés morts.

La litanie des atrocités commises par les combattants séparatistes et les forces de défense et de sécurité selon divers groupes de défense des droits de l’homme a été estimée à quelque 6 000 avec des centaines de villages incendiés, plus de 77 000 réfugiés et environ un demi-million de personnes déplacées.

Des recherches menées par l’Université de Toronto, au Canada, notent que « la crise constitue une menace existentielle pour des millions de Camerounais et risque de compromettre la stabilité nationale du Cameroun ainsi que celle des sous-régions d’Afrique centrale et occidentale.

Ce magazine partage cette vision objective des chercheurs. Mais quelle est la solution ?

Ville ravagée par la guerre

Le gouvernement a joué toutes ses cartes avec le controversé Grand Dialogue National comme principal joker, mais les atrocités continuent.

Les séparatistes sont dans divers groupes dissidents, certains se battant entre eux-mêmes, mais ces cycles de querelles, de rivalité politique, de vendettas et de vengeance, entrelacés avec une lutte pour le pouvoir profondément enracinée et apparemment insoluble, ne les ont pas détournés de leur rêve à Buea qu’ils appellent « la restauration d’Indépendance du Southern Cameroons ».

L’histoire enseigne qu’aucune guerre, conventionnelle ou asymétrique, n’a été résolue par les balles. Une superpuissance et une puissance économique comme les États-Unis sait qu’il vaut mieux tirer les leçons de son expérience ratée en Afghanistan et au Vietnam.

Le défenseur de la paix basé à Douala et consultant juridique international, l’avocat Ntumfor Nico Halle et le cardinal Tumi de regrettée mémoire avaient proposé des solutions internes comme celle d’un véritable dialogue sans restriction. Les questions en litige sont la décentralisation, la fédération et la séparation.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Union africaine et les Nations Unies ont tous formulé des recommandations similaires.

Le dialogue suisse qui était considéré comme une panacée a échoué. Le révérend Mbuy, porte-parole de la conférence épiscopale, a noté que- « une approche profondément erronée de la gestion des conflits a été adopté. Vous ne touchez pas à la personne qui pourrait vous aider à résoudre votre problème, car c’est comme se tirer une balle dans le pied » Souligne le prêtre selon qui «l’Eglise en ce moment ,possède la seule force morale capable d’aider a résoudre le conflit arme dans le Nord-Ouest  et le Sud-Ouest » Cependant, le père Mbuy se plaint que bien que l’Église professe continuellement sa neutralité, les deux parties l’accusent de soutenir leurs ennemis ».

En six ans, le régime de Biya n’a pas réussi à « neutraliser » les séparatistes et rien ne prouve qu’il le fera de sitôt car les maraudeurs, avec quelques voleurs armés, ont transformé la « révolution » en une affaire d’argent et de sang.

La seule option qui lui reste est d’écouter les diverses voix de sagesse recommandant un dialogue authentique et inclusif sur un terrain neutre, car l’insécurité omniprésente dans le pays continuera d’être imputée au gouvernement puisqu’il a la prérogative constitutionnelle d’assurer la sécurité des citoyens et des biens.

«

Next Post

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

RECOMMENDED NEWS

FOLLOW US